"Je suis le bon pasteur ..."

Les intégristes de la laïcité à la française, que j'appelle les laïcistes, prétendent à la suprématie de la République sur les conduites humaines. Celui qui ouvre l’évangile dans n'importe quelle bibliothèque laïque peut lire ceci selon le résumé du site de Taizé pour la parole du jour de Jean 10,11-18:

"Jésus dit: Je suis le bon pasteur. Mes brebis écouteront ma voix et il y aura un seul troupeau avec un seul pasteur."

"Un seul troupeau et un seul pasteur..." Bien sûr on peut se réfugier dans l'incroyance face à de tels propos et la suprématie de la République s'en trouve sauvée. Mais c'est fondé sur l'hypothèse indémontrable que Dieu n'existe pas et que Jésus serait un mythomane. Si jamais Jésus était bien ce qu'il disait être, le fils de Dieu, le père en lui et lui dans le père, ces propos deviennent très graves, pour un citoyen français, comme de n'importe quel pays, pour un incroyant comme pour un chrétien, un musulman, un animiste ou un juif, comme pour un indien d'Amazonie ou un lapon du Groenland.

La réalité historique de Jésus est incontestable. Mais la teneur de ces propos nous fut transmise par la mémoire de ses disciples. Premier maillon faible du message : il est indirect. On peut juste constater que ce thème de Dieu "berger" est en harmonie avec l'ancien testament, la bible des Juifs. On peut en plus remarquer que la mise à mort de Jésus est due à la conjonction de deux pouvoirs qui se voulaient absolus, mais qui concluaient des arrangements : le pouvoir juif et l'impérialisme colonial romain. Pour le pouvoir juif, Jésus était un rabbin puisqu’il prêchait dans les synagogues. Il était donc un des leurs qui prétendait être plus qu'eux. Pour les romains, Jésus troublait l'ordre public et de plus beaucoup de ses partisans voyaient en lui un libérateur de la colonisation romaine.

Aujourd'hui, on entend le moulin à prière des laïcistes français qui répètent à s'en soûler  que la République serait la "sainte" patronne du secteur publique, de ce qui est visible et utilisé par tous, et que les religions seraient du domaine privé et intime. C'est un vœux pieu qui attaque de front les convictions fondamentales des croyants de toute obédience, mais avec lequel les pouvoirs religieux s'arrangent ... comme le pouvoir juif, au temps de Jésus, le faisait avec l'impérialisme colonial romain.

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