J'ai voté Macron et je vais recommencer

 J'ai hésité à choisir Macron, mais finalement je le trouve très solide dans sa tête, sachant regarder dans le détail technique, tout en gardant le sens du cap à tenir. Une tête bien faite doublée d'une forte personnalité et d'un sens rare du respect politique.

Ce n'est pas un scoop, mais cela va mieux en le disant. J'avais longtemps hésité, mais deux jours avant le premier tour j'ai pris cette décision.

Je n'ai pas voté Jean-Luc Melanchon à cause de son profil trop "mitterrandien", notamment sur un sujet grave : l'implication de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda à partir de 1990. Ne pas remettre en cause cette implication française dans le génocide est un grave manque de courage, une façon de baisser culotte devant les responsables de l'époque et les militaires. Dès lors je redoutais que son projet de sixième république ne fasse long feu malgré son verbe vif, vigoureux et clair, car cette implication au Rwanda représente le paroxysme des dérives de la cinquième république. Je suis peut-être plus exigeant à son égard sur ce sujet, précisément à cause de la hauteur de son verbe.

Je n'ai pas voté Benoît Hamon car depuis 10 ans, le PS a fait la démonstration de son absence de respect de sa démocratie interne dès que les positions des ténors sont menacées. C'est inacceptable. Malgré plusieurs excellentes idées, notamment sur le partage nécessaire du temps de travail, la prise en compte du fait que la croissance ne se décrète pas et n'est pas à attendre dans des proportions de nature à résoudre nos problèmes, Benoît Hamon me semble beaucoup trop dépendant de ce parti et donc trop fragile.

François Fillon n'était pas ma tasse de thé, mais là il a en plus dépassé les bornes. Il manque totalement de lucidité pour s'être ainsi fait piéger par le françafricain Bourgi et avoir abusé à un tel niveau des talwegs inacceptables de la classe politique.

Marine Le Pen est entièrement dans sa posture médiatique d'Amiens sur le parking de Whirlpool : la braille, sans une once de pertinence dans les solutions à trouver. Tout son discours économique est à l'avenant. Pourtant, elle a raison d'insister sur les faits qui impliqueraient, à mon sens, la nécessité que les directions d'entreprises comprennent qu'elles doivent d'abord conquérir le marché intérieur.  Ce n'est absolument pas le discours des managers, du moins dans ce qui est perçu publiquement. Ils ne parlent que d'exportation. Mais si tous les pays exportent c'est un jeu à sommes nulles et cela ne peut pas entraîner de croissance particulière sauf à manger la part du voisin ... tout en se faisant manger la sienne. Ceci dit je ne partage absolument pas sa vision nationaliste. J'espère qu'elle ne bénéficiera pas d'une vague souterraine imprévisible. Pourtant je dois reconnaître qu'elle a parfois comme son père un certain panache et un vrai sens du verbe, mais elle est enfermée dans les syllogismes du Front national. Normal, elle est tombée dedans quand elle était petite ...

J'ai hésité à choisir Macron, mais finalement je le trouve très solide dans sa tête, sachant regarder dans le détail technique, tout en gardant le sens du cap à tenir. Une tête bien faite doublée d'une forte personnalité et d'un sens rare du respect politique.

La situation est particulièrement complexe et il la comprend ou fait tout pour la comprendre. Comme il le dit, il est l'héritier des institutions républicaines et non pas, comme son adversaire, du château et du parti de son père. J'ai apprécié son tweet le 7 avril à l'occasion des commémorations du génocide des Tutsi, même si cela n'implique pas nécessairement qu'il remette en cause les complicités françaises dans ce génocide. Je n'en sais rien. J'ai aussi apprécié ses opinions sur la colonisation et je comprends qu'il reconnaisse que ces opinions peuvent blesser ceux qui sont nés "colons" ou Harkis, n'ont rien demandé pour hériter de ce fardeau et ont beaucoup de mal à comprendre la nature criminelle de la colonisation. Mais j'attends plus de courage et de pugnacité sur ces sujets et surtout leurs prolongements actuels dans les réseaux françafricains qui soutiennent et exploitent des dictateurs sanguinaires qui s'enrichissent des miettes françaises sur le dos de leurs peuples.

Entre tous ces candidats la question de l'organisation du travail est évidemment centrale. Hamon me semble avoir été le plus pertinent sur les fondamentaux et Macron le plus stratégique dans la mise en œuvre. Ce qui s'est passé à Amiens est révélateur de sa façon d'aborder les choses et de son sens du dialogue direct si c'est nécessaire. Pour ma part j'ai beaucoup de réserves sur l'état de corruption de la République, mais je crois Emmanuel Macron honnête homme et non inféodé aux puissances d'argent, même s'il ne les déteste pas. Je ne doute pas par contre que ses relations dans les milieux bancaires tenteront d'infléchir sa politique. On verra à l'usage. On ne peut que prendre ce risque de lui faire confiance, notamment dans la dimension européenne de tout cela.

Mais ce que je crains le plus dans la situation actuelle c'est le loby militaro-industriel français. Emmanuel Macron saura-t-il ne pas se laisser entraîner dans les délires de nos stratèges comme on l'a vu au Rwanda sous Mitterrand, puis en Côte d'Ivoire sous Chirac et Sarkozy, avec en prime la Libye. Certes Chirac avait su dire non aux américains... c'est plus facile de refuser les délires intéressés des autres que les siens. Quand je vois l'unanimisme des candidats, tous courbés à des nuances près, devant les visions stratégiques mises en place sous François Hollande et probablement imposées par nos militaires, je crains le pire. Je ne suis pas non plus d'accord avec l'exigeance des politiques, probablement, pour qu'on mette en exergue des cibles "vigipirates" simplement pour rassurer les citoyens ! La probable nécessité de combattre le terrorisme dans ses nids, ne justifie pas que la France soit quasiment la seule puissance occidentale à entretenir des bases militaires coûteuses en Afrique, et depuis bien avant l'arrivée du terrorisme actuel. Tout cela est à délier. Mais n'oublions pas que l'une des racines profondes du terrorisme, c'est notre manque de respect des peuples musulmans qui contribue à justifier une haine pourtant injustifiable.

Je ne sens pas non plus Emmanuel Macron très ferme sur la question fondamentale du recours à la technologie nucléaire. On ne sent pas chez lui de méfiance viscérale sur les risques de cette technologie... il ne semble voir que le "savoir faire français" en matière nucléaire, savoir faire qui relève trop de 60 ans de propagandes et de mensonges sur son véritable coût et sa véritable qualité. Les "ennuis" actuels le montrent bien. Malgré tout, je l'ai entendu dire qu'il ne parvenait pas à connaître le véritable coût de cette technologie.

Bref la France est "en Marche" vers son avenir avec le concours bienvenu de toutes les bonnes volontés, mais ce n'est pas sans périls. Cela mérite bien un soutien.


 

 

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