Rwanda, que va faire Emmanuel Macron le 7 avril 2019 ?

Le 7 avril 2019 sera la date de la vingt-cinquième commémoration du début de la solution finale contre les Tutsi. En effet, après trente années de campagnes anti-tutsi, ponctuées de massacres de masse uniquement contre les Tutsi, au point que tuer un Tutsi n'était plus un délit au Rwanda, de fait malgré la loi, le génocide final des Tutsi s'enclencha avec l'attentat contre le président Juvénal Habyarimana à bord de son avion. Au moins un million de morts recensés, malgré les estimations à la louche de l'ONU qui servent de références aux médias.

Pour la France, et son implication étroite dans tous les rouages de l’État rwandais liés à sa lutte contre les Tutsi à partir d'octobre 1990, ces commémorations s'accompagnent toujours du rappel de la présomption de complicité (!) de ses élites politiques, diplomatiques et militaires dans le génocide des Tutsi.*

Le 7 avril 2019, Hervé Berville, député breton d'origine rwandaise, sera à Kigali et Emmanuel Macron sera à Paris (à priori).

A notre connaissance, Emmanuel Macron ne s'est jamais exprimé sur cette page noire des blancs menteurs français. Manuel Valls, par exemple, avait fustigé dans son discours de politique générale ceux qui mettaient en question l'honneur de l'armée française à cause des événements du Rwanda.

Curieusement Emmanuel Macron a annoncé, comme en contrepoint, sa décision de ne pas aller à Kigali le 7 avril, juste après le débat devant les élèves de Science po entre le chef d'état-major de l'époque et un officier de l’opération Turquoise  qui dénonce clairement la complicité de la France dans le génocide des Tutsi, le lieutenant-colonel Guillaume Ancel. Était-ce un contrepoint pour détourner l'attention de ce débat important ou pour rassurer subtilement les militaires dans son ombre ? Ce débat, duquel je ne connais que ce que David Servenay a écrit dans Le Monde, semble avoir montré à ces jeunes futurs cadres français que la parole de ce chef d'état-major n'était pas moins infaillible que son action.

Depuis deux ans, Emmanuel Macron a multiplié les signes positifs envers ce régime rwandais combattu si ardemment par Alain Juppé (ministre des Affaires étrangères de cohabitation de 1993 à 1995 et réduit récemment au devoir de réserve polémique par son entrée au conseil constitutionnel), Hubert Védrine et l'amiral Lanxade et leurs anciens subordonnés, avec le même aveuglement, pour reprendre l'expression de Nicolas Sarkozy à Kigali en 2010, qu'ils montrèrent jadis pour soutenir le régime génocidaire sous la houlette de François Mitterrand. On est donc surpris de cette annonce de ne pas répondre personnellement à l'invitation du Rwanda.

Mais on ne sait toujours pas ce que pense vraiment Emmanuel Macron de cette page de notre histoire. A-t-il peur d'assumer, comme je l'ai écris sur le site de la commission d'enquête citoyenne ?

Il nous reste a espérer, la vie est faite d'espoirs, que ces deux Français, député et président de la République, joueront ce jour là une œuvre à quatre mains sur le piano international des relations France-Rwanda, l'un à Kigali et l'autre à Paris. Une œuvre audacieuse et salvatrice ?

Illustration 1

Le Monde du 4 février 1964
Illustration 2
Général, j'en ai pris pour mon grade extrait page 159 © Jean Varret
  • Audition du général Varret telle que relatée par les députés en 1998

 

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