Rwanda, livraisons d'armes, Guillaume Ancel gagne une bataille

Le représentant d’une société de livraison d’armes, SPAIROPS, a intenté un procès contre l'ancien officier Guillaume Ancel pour avoir rappelé son rôle au Rwanda, pendant le génocide contre les Tutsi…

 

Je transmets ici un lien vers l'article de Guillaume Ancel sur son blog Ne pas Subir, qui évoque le procès et la décision de justice1.  Son poursuivant a été débouté par le tribunal de Paris. C'est une bataille gagnée contre un des acteurs des livraisons d'armes françaises aux génocidaires pendant le génocide des Tutsi.

Cet acteur n'est cependant qu'un tout petit maillon de la chaîne hiérarchique ordonnée depuis l’Élysée et l'état-major des armées. A l’époque, il était presque un gamin d'un peu plus de 20 ans, sans doute très fier du rôle que son Papa lui faisait jouer dans une opération militaire et la nouvelle société Spairops qu'il avait créée en soutien à l'opération Turquoise à la demande de l'état-major, selon les dires du fiston au procès. On suppose que l'état-major français, qui avait besoin des gros-porteurs du trafiquant d'armes russe Viktor Bout, ne voulait pas traiter directement avec lui. C'est Spairops qui s'en est chargé.

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[Ma boite noire] : Au delà, en soulignant la présomption d'innocence des acteurs concernés, nous devons traiter la question suivante :

Que fait la justice française contre les présumés complices dans le génocide des Tutsi ?

Ce procès s'inscrit dans la longue liste de procédures d'étouffement des faits par le lobby politico-militaire français qui a entrainé la France dans cette complicité dans le génocide des Tutsi.

Toutes ces procédures constituent des instrumentalisations de la justice française pour mettre en échec toute recherche judiciaire de la vérité des faits dans l'implication française au Rwanda. La justice française reste passive dans ce processus. Elle se contente de donner son avis devant des plaintes déposées en diffamation, qui ne se terminent pas toutes de façon aussi heureuse, notamment celles qui émanent de responsables plus proches des amoureux de la géopolitique française au Rwanda et de leurs moyens qui piétinèrent les Droits de l'Homme et en particulier la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, ratifiée ensuite par la France et par le Rwanda, adoptée à Paris la veille de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme.

Nous constatons qu'il n'y a eu, en ce qui relève des responsables français, ni "prévention", ni "répression", mais le plus souvent du négationnisme plus ou moins ouvert ou larvé, une timide reconnaissance "d'aveuglement" en 2010, puis en 2021 un discours compatissant, particulièrement approfondi sur la souffrance du génocide, du Président de la République, salué néanmoins, mais partiellement, par les représentants des rescapés du génocide, trop habitués aux discours antérieurs.

Mais nos procureurs, qui sont si vifs pour poursuivre les présumés complices des terroristes islamiques, même s'ils ne connaissaient pas leurs objectifs criminels, sont quasiment empêtrés et se portent pâles, à ce jour, pour poursuivre les présumés complices français des acteurs du terrorisme extrême contre les Tutsi : leur génocide. Un génocide est en effet un terrorisme extrême et systématique, mais imprescriptible. Les responsables français étaient au courant de ce projet génocidaire de leurs alliés depuis fin 1990 selon plusieurs télégrammes diplomatiques et le général français Jean Varret, entendu par nos députés en 1998, puis par la commission Duclert et comme il l'a confirmé en 2018 dans son livre "Général, j'en ai pris pour mon grade". Ce projet génocidaire des alliés de la France au Rwanda s'inscrivait de plus, sans véritable surprise, dans une longue histoire génocidaire qui avait fait titrer, 30 ans avant, le 4 février 1964, un article du journal Le Monde  : "L'extermination des Tutsi - Les massacres du Ruanda sont la manifestation d'une haine raciale soigneusement entretenue".

Cette divergence de traitement par nos magistrats, entre deux terrorismes, est tout simplement aussi inadmissible qu'énorme et injustifiable2. Nos magistrats s’inclinent devant la parole politique à ce sujet. Cette parole, presque unanime, affirme selon le rapport de la commission Duclert nommée par le Président de la République, que ce lobby politico-militaire français, appelé selon une usurpation logique mais extravagante "La France", sans que son assemblée parlementaire soit une seule fois consultée, a des responsabilités "lourdes et accablantes" dans le génocide des Tutsi... mais, sans doute par magie, qu'il n'y aurait  pas de complicité française. Cette "jurisprudence" politique impliquerait donc qu'on révise toutes les condamnations contre les complices des terroristes islamiques, ou que nos magistrats fassent preuve d'indépendance et prennent enfin le taureau par les cornes. Ils ne peuvent pas dire, en vertu de l'article 40, qu'ils ne sont pas au courant de ces crimes commis : le rapport Duclert, bien qu’incomplet, est devant leur conscience professionnelle.

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  1. Le représentant d’une société de livraison d’armes, SPAIROPS, m’a intenté un procès pour avoir rappelé son rôle au Rwanda, pendant le génocide contre les Tutsi… Guillaume Ancel
  1. La qualification de génocide ne dépend pas du nombre de morts, mais de bien d'autres facteurs. Toutefois une petite comparaison chiffrée permet de mettre les choses en perspective. En nombre de morts, le génocide des Tutsi c'est 90 "Bataclan" par jour pendant 100 jours ou trois "World Trade Center" par jour pendant cent jours.
 

 

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