Du Rwanda au Congo, les surenchères des diplomaties occidentales contre la vérité

De la libération de Paul Rusesabagina, gracié par le président Kagame, sans doute sous la pression des USA, on en arrive aux surenchères occidentales en RDC. Ce chemin est paradoxal, mais il suit le fil amoral des diplomaties occidentales en Afrique, terreau du terrorisme wagnérien des milices russes pro Poutine. Ces inconséquences font le lit de la propagande désastreuse de Poutine.

Paul Rusesabagina, "héros" très contesté du film Hôtel Rwanda, fut condamné par la justice rwandaise pour avoir présidé un mouvement politique, certes d'opposition, mais qui, selon l'enquête rwandaise, avait recours à des groupes terroristes qui ont ensanglanté factuellement le Rwanda. Hollywood, qui avait fabriqué ce héros, et l’intelligentsia américaine sous son emprise, se sont enflammés pour sauver leur héros contre la plus élémentaire prudence.

Il s'agissait de nier le caractère terroriste du héros pour ne pas entacher l'image de Hollywood et des présidents américains qui ont reçu Paul Rusesabagina à la maison blanche, à grand renfort de communications médiatiques. Face à cette pression US, Paul Kagame a probablement dû négocier dur sa libération, on ne peut que le supputer, mais de fait la grâce présidentielle rwandaise s'est faite sur le dos des constatations de la justice rwandaise. C'est la nature des grâces présidentielles, au Rwanda comme ailleurs, même s'il s'agit de grâce au bénéfice d'un condamné pour terrorisme.

Les méthodes terroristes ne devraient pas avoir de place dans la politique d'aucun pays. Une fois gracié, on doit abandonner toute collaboration avec des groupes terroristes. Il paraît que Rusesabagina s'y serait engagé. S'il s'y est engagé, c'est une forme d'aveu. On ne peut que l'espérer et surtout espérer qu'il respecte sa parole.

Plus généralement, le problème de beaucoup de groupes d'oppositions rwandais vient du fait qu'ils refusent de condamner l'idéologie génocidaire.

Pour notre "gracié", cela relevait plutôt du banal terrorisme contre un État dont on a l'ambition de prendre le pouvoir. Les succès hollywoodiens de notre "gracié" semblent l'avoir quelque peu grisé. Je l'ai déjà personnellement rencontré vers 2005 dans une fête familiale rwandaise en Alsace, j'ai même dansé avec son épouse plus avenante que lui. Il ne m'a pas fait une très bonne impression. Je l'avais trouvé "fuyant" malgré ses airs bonhommes.

Des courants et des ONG occidentaux refusent de percevoir nettement ces réalités politiques, y compris souvent HRW et Amnesty, ce qui est particulièrement désolant pour des défenseurs des droits de l'homme. Ils n'y voient qu'une opposition martyrisée, avec leurs grosses loupes occidentales de démocrates bornés : une majorité et une opposition et c'est bon ! Peu importe la qualité de la majorité comme de l'opposition. La vérité serait par axiome entre les deux. La démocratie dépend de la qualité des analyses et des comportements de la majorité comme de celles de l’opposition. C'est de l'objectivité de comptoir, dévoyée en cas d'échec. Par exemple, si on a un peu de mémoire, ce dévoiement peut s'enliser en rêve bricolé de "Hutuland" et de "Tutsiland" complètement irréaliste et dénué d'objectivité !!!

Plus incompréhensible encore est le cas de groupes d'anciens du FPR qui collaborent avec des alluvions du Hutu power avec l'ambition de prendre le pouvoir au Rwanda. On lutte encore en Europe contre l'idéologie nazie. On doit faire de même contre l'idéologie génocidaire du Hutu power. Certains ont la mémoire beaucoup trop courte.

Le sacro-saint pouvoir médiatique de Hollywood, qui ne supportait pas cette tâche de terrorisme sur son image, semble avoir eu raison de la justice rwandaise à travers la diplomatie américaine.

Cette diplomatie américaine a d'autres courroies de transmission dans la région. Par exemple l'IRC, International Rescue Committee, soi-disant "ONG" américaine, dont le conseil de surveillance est truffé de dirigeants de grandes entreprises et d'anciens secrétaires d’État américains importants (affaires étrangères et Pentagone), a lancé un nombre extravagant pour chiffrer la surmortalité due à la deuxième guerre du Congo. Par nécessité, des démographes belges de l'ADRASS 2 ont étudié ce sujet avec méthode, dans le cadre d'une mission européenne pour l'établissement des cartes d'électeurs de l'élection présidentielle congolaise et sont arrivés à une surmortalité due aux conséquences de la deuxième guerre du Congo de cent quatre-vingt-trois mille morts. 183 000 morts et non pas 3,8 millions (IRC), 6 millions (Pierre Péan), parfois 12 millions de surenchères de propagande sous certaines plumes dont j'ai oublié les noms, mais qui très souvent défendent la politique française au Rwanda des années 1990 et veulent faire croire à un double génocide pour justifier les fautes gravissimes des autorités françaises ! C'est une obsession onaniste pour ces millions en cryptomensonges de faussaires politiques. Mais c'est devenu un moyen de chantage diplomatique contre le Rwanda. Cette propagande pèse contre Paul Kagame.

Cent quatre-vingt-trois mille morts, c'est déjà énorme. Cela relève d'un conflit de très haute intensité comme en Ukraine. Au Congo RDC la guerre était qualifiée de "basse intensité" par la plupart des diplomaties pour un conflit qui a engagé une dizaine de pays et pas seulement le Rwanda, comme les propagandistes le clament de manière obsédante. Cette guerre a duré une dizaine d'années. 10 ans de basse intensité, d'où les 183 000 morts de maladies, de fuites dans la forêt tropicale, de désorganisation des structures sociales et de victimes directes.

Cette région est donc sous haute propagande. Il s'agit sur le fond de protéger les approvisionnements en minerais congolais des multinationales qui dépendent pour la plupart des 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et de leurs alliés proches et de justifier la présence de la MONUSCO, plus grosse opération onusienne jamais engagée, dont l'utilité est très contestée par les congolais eux-mêmes, mais sans doute pas pour ses promoteurs qui engagent un milliard et demi de dollars par an depuis plus de dix ans dans ce tonneau des danaïdes.

Le but de cette agitation est de faire en sorte que Kagame, dont la gestion économique de son pays est exemplaire, ne puisse pas avoir d'influence morale et politique sur la RDC, ce qui, si le Congo se levait et s'imposait à son tour, fort de cet exemple possible, tangible et si proche, mettrait des bâtons dans les roues de ses exploiteurs. On marginalise le Rwanda en l'accusant d'être le seul exploiteur du pays. En réalité, c'est un hold-up mondial légalisé par une ONU instrumentalisée, avec désignation d'un coupable, dont je suis incapable d'estimer le degré de culpabilité réelle, à supposer qu'elle soit fondée, mais qui n'est certainement pas du niveau dont l'accablent une foule d'hypocrites intéressés. "C'est pas moi c'est l'autre", "toujours le même". La méthode Coué fait son travail de sape 3.

Par un très surprenant hasard, on n'oserait pas imaginer un "arrangement à la française", ces dernières semaines de mars, Emmanuel Macron, Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy, trois anti-antinucléaires notoires et fervents écologistes de l’innocuité des déchets nucléaires, ont fait successivement le déplacement à Kinshasa. On met en avant la résolution de la "crise du M23" et les relations avec le Rwanda, mais cela apparaît comme un prétexte, d’ailleurs formellement démenti pour Sarkozy. A cette occasion, Emmanuel Macron est tombé dans la démagogie en évoquant à nouveau les millions de morts dans l'est du Congo 4. "Il ne faut pas les oublier" crâna-t-il devant Tshisekedi. Cette démagogie empoisonne un peu plus les raisonnements idéologiques anti-rwandais des Congolais. Aller dans le sens du poil pour, très probablement, espérer avoir accès à l'uranium congolais. N’oublions pas que les milices Wagner chassent petit à petit la France de l'Afrique saharienne, et d'autre part, le Kazakhstan, autre source d’approvisionnement, est dans une situation géopolitique tendue entre la Russie et la Chine, réalité de plus en plus précaire et risquée vu le contexte international. Il faut diversifier nos sources d'approvisionnement en uranium pour la France, dont le gouvernement veut redéployer l'énergie nucléaire. L'uranium congolais est donc probablement convoité par le gouvernement français pour sécuriser, en les diversifiant, nos approvisionnements 5.

Ces exemples, loin d'être exhaustifs, suggèrent comment les diplomaties occidentales, instrumentalisant ici le Rwanda et la RDC, mais aussi d'autres pays africains, entretiennent l'impunité et le mensonge en Afrique et se montrent contreproductives pour établir une véritable dynamique de paix sur le continent. L'odieux Poutine en tirera petit à petit les marrons du feu si l'Ukraine n'en vient pas à bout, et les Chinois certainement. Cela s’appelle depuis l'antiquité, "tomber de Charybde en Scylla"... C'est l'assurance de la continuité des souffrances pour les Africains pauvres !

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  1. Selon Wikipédia, Hôtel Rwanda (Hotel Rwanda) est un film historique américano-britanno-italo-sud-africain réalisé par Terry George, sorti en 2004. Ce film évoque la biographie de Paul Rusesabagina, directeur de l'Hôtel des Mille Collines de Kigali, au Rwanda lors du génocide des Tutsi en 1994. Il présente une distribution d'acteurs importants, parmi lesquels Don Cheadle, Nick Nolte et Jean Reno. 
    J'utilise le terme "Hollywood" comme expression générique de l'industrie du cinéma occidental, dominée par le cinéma américain.
  2. La surmortalité pendant la deuxième guerre du Congo ADRASS (dernier lien sur la page)
  3. Cf. mon article : A propos du rapport de l'ONU qui accuse le Rwanda au Congo
  4. Cf. mon article : Emmanuel Macron sombre dans la démagogie en RDC
  5. "La répartition exacte des importations françaises n’est toutefois pas communiquée par EDF et Areva qui relaient des documents assez globaux sur l’origine de ces importations. A l’échelle mondiale, la société kazakhe KazAtomProm est le principal producteur d’uranium naturel (21% de la production mondiale en 2016) devant le canadien Cameco (17%) et Areva (13%)(2). Le groupe français extrait notamment de l’uranium au sein des mines d’Arlit au Niger(3) et de Muyunkum et Tortkuduk au Kazakshtan (via la co-entreprise Katco dont elle détient 51%, les parts restantes étant détenues par KazAtomProm)."
    Site "Connaissance des énergies" connaissancedesenergies.org, consulté fin mars 2023


 

 

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