Vêtement ostentatoire

 Le caractère ostentatoire d'un objet dépend du regard de ceux qui en parlent

Le port de l'abaya est condamné par le ministre de l'éducation. Il juge ce vêtement ostentatoire. L'abaya est une robe longue. J'ai donc interrogé un moteur de recherche sur "Robe longue" et sur "abaya" voici le résultat :

Illustration 1

Robe longue à droite, abaya à gauche © auteurs multiples, montage Emmanuel Cattier

Je ne vois pas de différences particulières entre ces robes, si ce ne sont les robes qui laissent voir les cuisses des mannequins de façon ostentatoire.

Cette décision me rappelle l'époque où le lycéen devait mettre une cravate, puis celle où les pantalons "patte d'éléphant" étaient prohibés et à peu près à la même époque les mini-jupes également interdites au collège. Les jeunes filles inventèrent alors les mini-jupes à rallonge à l'entrée dans le lycée !

Ici, le ministre de l'éducation nationale, grand amoureux ostentatoire du corps des femmes, désire qu'elles raccourcissent leurs tenues.

Mais devant cette comparaison de styles de robes, il devient évident que les réceptions officielles devront interdire les robes longues, sauf peut-être si le fait de fendre la robe de manière à montrer au moins une des cuisses rompra clairement avec le risque de la confondre avec une abaya.

On pourrait étendre ces considérations culturelles qui évoquent un vêtement originaire du moyen orient, à d'autres régions culturelles. Par exemple on pourrait interdire les doudounes qui évoquent les vêtements esquimaux, ou des tuniques indiennes d’Amérique du nord, bref tous vêtements rattachés à des religions animistes. Enfin il faudrait interdire les "cols Mao" qui évoquent les chemises ecclésiastiques ou la révolution des gardes rouges en Chine, une laïcité ostentatoirement connue pour son extrémisme. etc.

Il apparait donc que ce qui est jugé ostentatoire dans les cours de récréation est ce qui se remarque par sa rareté au milieu des caleçons et jeans moulants. Si toutes les collégiennes et lycéennes adoptaient aussi une mode des robes longues, on ne remarquerait plus les abayas. A moins que je n'ai rien compris et que le caleçon moulant soit devenu l'uniforme imposé par l’éducation nationale.

On pourrait pousser plus loin l'ébauche d'analyse.

Le port d'une robe longue confère à sa porteuse une aura de maturité qui tranche avec son âge. Les enseignants se sentiraient-ils mal à l'aise face à des collégiennes plus mures. Peut-être certaines enseignantes, faussement détachées des culpabilités chrétiennes, qui veulent avoir l'air "jeune" en portant des tenues "jeunes", c'est à dire plus ou moins sexuellement ostentatoires, ne craignent-elles de perdre de l'autorité morale face à ces musulmanes ?

Enfin, certaines femmes portant l'abaya avec un voile, ne craint-on pas d'avoir des "bonnes sœurs" dans les classes, perception donnant des crises d'allergie à certains laïcs psychotiques.

Bref autant de pistes à fouiller à cause de ce fourvoiement ministériel dont la seule originalité est de faire perdurer des crispations à caractère inquisitoire.

Foutez- la paix aux Musulmanes ! 

La motivation du refus du voile, des abayas et autres vêtements suspectés de support de prosélytisme musulman résiderait, selon les autorités françaises, uniquement dans la coercition imposée par les hommes musulmans aux femmes musulmanes. Pourquoi dès lors s'attaquer aux femmes plutôt qu'aux hommes. La "logique" et le courage voudrait que si une jeune fille se présente dans un établissement scolaire avec ces vêtements prohibés, on enquête sur les hommes dont elles seraient dépendantes et qu'on fasse pression sur eux. Ainsi on n'imposerait plus un double machisme contradictoire et déchirant aux musulmanes, mais on lutterait contre le machisme supposé qui les opprimerait. Ce serait moins lâche. Il faut s'attaquer à la cause plutôt qu'aux conséquences [1].

_____________________

  1. Complément du 17/02/2024

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L’Institut François-Mitterrand dans Le Point ... sur le révisionnisme

Génocide des Tutsi du Rwanda : la France n'est-t-elle pas coupable ?

Du Rwanda au Congo, les surenchères des diplomaties occidentales contre la vérité