Israël en Palestine, le canard décapité

Le gouvernement d’Israël est un canard décapité qui continue de courir. Décapité par le non-sens de ses décisions ou plus exactement par la confiscation de ses décisions au profit de l’intérêt personnel de Netanyahou et des colons, comme c’est pertinemment rappelé dans les articles de Guillaume Ancel [1].

Mais je m’interroge sur la persistance de l’idée de deux états sur une même terre découpée en trois confettis [2]. D’abord parce qu’il semble qu’Israël persiste dans une domination durable du contrôle de Gaza, exacerbée par rapport à ce qui se passait avant le 7 octobre, ensuite parce que la Cisjordanie est envahie « à la Poutine en Crimée » par les colons, aussi parce que le degré de sauvagerie de l’action du 7 octobre par le Hamas a probablement fissuré la confiance des Israéliens les plus ouverts, enfin parce que cette promesse d’un Etat palestinien mainte fois affirmée a prouvé de fait son haut niveau mensonger. [3]

Pour sortir de cette situation absurde, où les Palestiniens sont acculés et les Israéliens perdus, les Israéliens et les Palestiniens n’ont pas d’autre issue qu’un saut politique dans l’inconnu, qui commencerait par l’éviction du gouvernement israélien actuel et la reconnaissance d’une autorité palestinienne renouvelée, l’actuelle étant engluée dans les échecs qu’elle a subi, et parait il dans sa très grande corruption selon la propagande occidentale. Mais la situation d’Israël est aussi un enlisement dans sa propre corruption.

Les Israéliens ont jusqu’ici fait le choix inverse et conservé le gouvernement corrompu. Ils auraient du commencer par la démission de ce gouvernement et la constitution d’un véritable gouvernement d’union nationale, qui ne pouvait être conduit par l’un des plus grands artisan du blocage actuel. Dans cette période, Tsahal aurait pu s'occuper de neutraliser les tirs de roquettes du Hamas et réfléchir aux stratégies pour récupérer les otages. Mais la société israélienne, sous l'impulsion de Netanyahou s'est recroquevillée politiquement, laissant s'échapper un canard décapité.

De fait, nous avons la situation d’un État unique sur ce qu’on appelait avant 1948 la Palestine, dont une grande partie de la population n’a aucun droit et qui est dirigée par la population dominante dite « démocrate », mais dont la démocratie est réservée à elle seule. Ce n’est pas ce qu’on appelle un État démocratique.

Au Rwanda on avait une situation relativement analogue avec la République Hutu qui pendant plus de trente ans a maintenu les Tutsi dans une situation de traque à l’intensité plus ou moins variable, exclus du jeu démocratique ou plutôt politique. On sait ce qu’il est advenu.

Je ne sais pas si le processus juridique engagé par l’Afrique du sud aboutira à la conclusion que les événements de Gaza sont un « génocide », mais je sais qu’avant le génocide des Tutsi il y avait eu des massacres de masse contre les Tutsi faisant parfois des milliers de morts, comme aujourd’hui à Gaza. Indéniablement il y a un massacre de masse à Gaza.

On me dira certainement que cette comparaison n’est pas pertinente car les Israéliens sont revenus après une absence de deux millénaires, contrairement au Rwanda où les fameuses « ethnies » n’en étaient pas et avaient été fabriquées par le regard du colonisateur. Je la maintiens, car in fine la situation est similaire à celle de 1990 au Rwanda, quatre ans avant la solution finale contre les Tutsi.

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  1. Blog de Guillaume Ancel
  2. La Partie israélienne, 20 000 Km², est plus petite que la Lorraine, 23 000 km²
  3. Un Etat binational en Palestine - Israël ?
     

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