L'ouverture des jeux olympiques entachée de quelques maladresses dans un spectacle grandiose et émouvant, éclaboussé de critiques souvent absurdes
Les couronnes de laurier
J'ai particulièrement apprécié Jamel Debbouze ahuri, porteur de la flamme, cherchant les jeux olympiques dans un vieux stade délabré et vide, sauvé par Zidane très sûr de lui qui s'empare de la flamme en lui disant "je m'en
occupe" et tombe en panne dans le métro après avoir renversé des tables
de terrasses de café pour rattraper le retard, sauvé à son tour par trois
Gavroche qui se faufilent dans les entrailles de Paris, après avoir reçu, de notre idole du ballon rond, la flamme à travers une vitre du wagon où il reste enfermé. Ça c'est
inventif ! Jean Castex a du piaffer dans son bureau.
J'ai aussi apprécié la garde républicaine qui casse ses rangs de vieille république pour accueillir une chanteuse ondoyante dans sa chaire en or ! Ça c'est vraiment de l'art et un message pour la planète et une partie des Français, qui crée de nouveaux codes culturels. Je n'ai pas vu, comme la marionnette, que les gardes républicains aient été humiliés par cette scène à laquelle ils ont de toute évidence participé avec l'enthousiasme dansant de leurs instruments.
J'ai admiré ces danseuses en abaya, juchées en haut de perches souples, qui se balançaient avec les oiseaux et les gouttes de pluie, ou ces acrobates "hugolistes" déambulant comme des paresseux, ou peut être comme des pandas, sur les échafaudages de Notre-Dame au milieu d'artistes artisans burinant et sciant en rythme.
Ce cheval, un peu grecque, courant en silence étincelant sur la Seine fut une pure merveille.
Les tâches d'encre et autres maladresses et des critiques absurdes
Enthousiasmé par cette magie chevaline, on aurait préféré ne pas apercevoir parfois le hors-bord noir, probablement électrique, qui le tirait, ni le trimaran noir sur lequel le cheval était juché. Mais ce n'est pas grave, le contraste de lumière faisait l'affaire. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs et il était difficile de faire autrement en respectant le budget. L'évocation fut plus forte que la technique.
La dévalorisation implicite des écrivains et surtout des bibliothèques réduites à
l'état de sites de rencontre m'a particulièrement choqué. Quelle ridiculisation de la littérature ! Comme bonnet d'âne cela débouche sur un "trouple", un cheval de Troie à majorité
masculine, seul habilité à représenter l'Amour et fausse note notoire de la cérémonie
en matière de parité femme-homme. Plus tordu, tu meurs.
Je ne comprends pas la polémique autour de la table conviviale surplombant la Seine avec des personnages carnavalesques qui auraient fait penser, de façon grotesque à des esprits vicieux, à la cène de Léonard de Vinci. La première chose à laquelle j'ai pensé, c'est à une "inclusion" des personnes de forte corpulence, avec ce personnage central rassemblant à Obélix, honoré d'une couronne. Je n'ai pas pensé à ce tableau de Léonard qui m'avait pourtant frappé quand je l'ai découvert quand j'avais une vingtaine d'année. C'était plutôt le repas de dernière page d'un certain village gaulois, fusionnant Obélix et Assurancetourix avec une table de mixage !
Mais il fallait bien que des Français râlent ! La peinture de la cène par Léonard de Vinci est une fiction de l'artiste représentant le dernier repas du Christ, sur lequel les idolâtres en mal d'image biblique, déviation théologique, font une fixation qui n'a probablement pas grand chose à voir avec ce que le Christ et les apôtres ont réellement vécu. Il faut arrêter de délirer. D'ailleurs l'inculte Trump s'est encore trompé en reprenant à son compte ce cliché stupide. Si toutes les scènes autour d'une table font penser au tableau de Léonard, allez voir au cinéma "le dîner de cons" ! C'est de la parano chrétienne. Pour ma part comme chrétien je suis plutôt choqué par les parodies de crucifixions.
Au milieu du village gaulois, le Schtroumpf Dionysos, dont les couilles pendaient comme celles du curé de Camaret, est précisément le tableau que j'ai trouvé le plus tarte à la crème, grotesque et bébête. Cela faisait penser, en plus coloré, aux partouses de la jeunesse de Saint-Petersbourg ou de Moscou. Voulait-on peut-être représenter du bleu d'Auvergne bien moisi et plus rural ? Je pense que la majorité de la planète, ceux qui ne sont
pas de notre "occidentale culture" notamment en Afrique, a dû
trouver ce tableau choquant. Mais il paraît que les Chinois nouveaux riches ont aimé ce qu'ils ont dû prendre pour un lotus bleu un peu visqueux ou peut-être laqué ! Je ne suis pas certain que dans les villages reculés de Chine on aurait apprécié, si on avait pu le voir.
L'exception culturelle française de l'évocation de la révolution de 1789
Nous avons effectivement proclamé la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, pour la piétiner immédiatement. Cette déclaration doit rester notre fierté sans ambiguïtés.
La célébration de la violence révolutionnaire, de fait particulièrement criminelle et revancharde, m'a semblé être à l'image de la propagande historique française. Hélas. Ce sont des propos de conciergerie. Une Marie-Antoinette, qui n'avait probablement pas été assez injustement maltraitée par les "révolutionnaires", nous montrait sa tête décapitée, dans une scène qui m'a dépité, comme pour justifier son assassinat.
A l'époque ma lignée familiale était composée de braves roturiers, forgerons et paysans, mais je dois dire que, dans la même ligne, bien qu'un de mes grand-père ait grandi à Marseille et que j’habite Strasbourg, j'ai des doutes sur la "Marseillaise" dont la mélodie tonitruante n'est pas harmonieuse. Elle est toujours chantée faux par les Français, dérapant dans une exagération de ton,
caricature militariste, insultant à mon sens la dignité des militaires
eux-mêmes. Mais surtout, le plus grave, ce sont les paroles de notre hymne national qui furent invoquées, de façon hélas pertinente, dans l'enceinte du Tribunal pénal international pour le Rwanda, par
l'avocat de la défense d'un génocidaire rwandais à propos d'un chant qui avait
été écrit pour encourager au génocide des Tutsi. Cela devrait faire réfléchir ! [1]
Les Français n'ont
généralement aucune conscience de cette apologie criminelle du "sang
impur" qui devrait "abreuver nos sillons". Beaucoup d'Africains peuvent dire que ces paroles furent une réalité de notre République qu'ils ont subit à travers la colonisation, puis la Françafrique. Nous sommes soumis à une propagande
officielle malsaine, soi-disant pour maintenir notre unité
et respecter un symbole national, pourtant irrespectueux des droits
humains que nous nous enorgueillissons d'avoir proclamés. Je trouve désolant d'entretenir chez les Français une obligation à se complaire culturellement dans une telle orgie sanguinaire au nom de la défense de la femme et de l'orphelin.
Ce n'est pas anodin. Tout cela devrait être à nouveau débattu à l'Assemblée nationale afin qu'on ait un hymne qui invite tous les Français à le respecter, parce qu'il les construit dans la dignité et le respect d'eux-mêmes et de leurs mémoires.
"Memorial", en Russie, fut nettement plus authentique et courageux.
L'absence officielle de la Russie
Plusieurs fois pendant la cérémonie, j'ai pensé aux Russes dont les
larmes sont tombées sur Paris, punis à cause des crimes innommables de
l'armée de Poutine en Russie, en Tchétchénie, en Géorgie, en Biélorussie, en Syrie et surtout actuellement en Ukraine. Les Russes, les vrais, pas la clique d'oligarques criminels, sont à l'image de ces instruments de musique détrempés par la pluie. Ils ont pu voir que la musique pouvait continuer. Que cela les inspire pour braver les orages de grêles de la répression qui s’abattent sur eux, crispation d'un état craintif et fragile qui fait le fort à bras, et tue à tour de bras, pour tenter de survivre. L'ours blessé finira par mourir.
Emmanuel Macron sifflé ?
Selon des internautes, Emmanuel Macron aurait été abondamment sifflé. On entendit quelques sifflets noyés dans des acclamations
massives, et aucun quand le silence se fit pendant la courte prise de parole du président. Donc, ces sifflets sont
très marginaux et insuffisants pour ceux qui auraient voulu qu'ils
soient massifs.
Je suis très contrarié par la politique intérieure du Président, et
notamment sa dissolution calculatrice et provocante, mais il faut arrêter les commentaires
franchement déjantés qui confinent aux "fake news". Ce n'est pas ainsi qu'on établira une république saine. Soyons sérieux.
J'ai remarqué que le président n'a pas attendu que le silence se fasse pour introduire les jeux, et a réussi à délayer le traditionnel et sobre "Je déclare les Jeux olympiques ouverts" dans l'évocation de caractéristiques secondaires attachées à ces jeux, affaiblissant l'autorité de la phrase.
De la tour Eiffel
Mais au-delà de toutes les mesquineries et railleries, que ce fut superbe !
Zidane, libéré de son wagon de métro, bravo Castex, vint embrasser Nadal, rouge comme une cape de tauromachie, et pour finir, symbolisant un "vive Paris libre", Céline Dion, née à Charlemagne, nous a fait le don d'un air de Piaf s'envolant de la tour Eiffel.
A propos de Charlemagne, n'oublions pas que la tour Eiffel fut construite par le petit-fils d'un Allemand, qu'on préfère dire bien français, et titulaire d'un diplôme d'ingénieur des Arts et Manufactures dont je crois savoir qu'on avait fini par le lui donner à cause de sa tour devenue "centrale" et non pas à cause de ses examens de fin d'étude à l’école Centrale !
Finalement le monde fit un tour à Paris, et Jules Vernes aurait aimé la montgolfière de la vasque olympique pour un été qu'on voudrait prolonger au-delà de quatre-vingt jours.
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[1] 14.11.07 - TPIR/KAREMERA - LA MARSEILLAISE COMPAREE A UN CHANT DE GUERRE INTERAHAMWE JusticeInfo.net
Au début de la cinquième république, voire de la quatrième République, il aurait été plus compréhensible de choisir par exemple le chant des partisans, symbole de la résistance, comme hymne national, dont la mélodie est nettement plus belle et les paroles moins sanguinaires et plus sensées. Mais là encore on encourage à tuer. Il nous faudrait un hymne qui évoque la déclaration universelle des Droits humains. ce serait plus constructif, édificateur pour des collégiens.
Je ne renie pas la caractère guerrier de notre hymne qui veut exalter notre victoire, mais il fut écrit dans un contexte très particulier qui ne reflète pas la vie quotidienne souhaitable pour les Français et la nécessité que les nations vivent en paix.
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