L'incohérence de Manuel Valls dans son discours de politique générale
"Je n’accepte pas les accusations injustes et indignes qui pourraient laisser penser que la France s’est rendue complice d’un génocide au Rwanda. Son honneur, c’est toujours de s’interposer entre les belligérants" Manuel Valls, discours de politique générale !
Manuel Valls qualifie d'"injustes et indignes" les accusations de Kigali Jeune Afrique 8 avril 2014
"Son honneur, c’est toujours de s’interposer entre les belligérants", ce n'est pas ce qui s'est passé au Rwanda. Les autorités françaises ont clairement soutenu un gouvernement qui préparait un génocide, ce qu'elles savaient. Elles ont clairement pris parti pour les génocidaires, jusqu'à la fin du génocide et même après dans les camps au Zaïre. L'opération Turquoise ne fut qu'un cache misère pour tenter de se créer un alibi sur la politique française de 1990 à 1994, mais en réalité pour s'opposer au FPR qui fut le seul en définitive à combattre les génocidaires. Dans le cadre de l'opération Turquoise (22 juin au 23 août 1994), les vieux démons de nos officiers resurgirent malgré quelques bonnes actions notamment lorsque des soldats français désobéirent pour porter secours aux réfugiés de Bisesero. Le parti pris de l’état-major français dut s'incliner devant les faits, quatre jours avant la date généralement convenue de la fin du génocide.
La France vota le départ des casques bleus le 21 avril 1994, elle n'usa pas de son droit de veto. Les soutiens français aux génocidaires retardèrent la victoire des seules forces qui combattaient le génocide sur le terrain, et donc la balance des vies sauvées et des vies compromises est certainement en défaveur lourde de la France. Toutes les victimes du génocide touchées par des grenades, des obus et des balles fournies par la France furent victimes de la France, en violation de l'accord de cessez le feu de N'Sele de mars 1991, en violation de l'article 2 du premier accord d'Arusha signé le 12 juillet 1992, en violation de l'embargo de la résolution 918 de l'ONU du 17 mai 1994. Les machettes finissaient le travail.
Cette déclaration de politique générale à propos du Rwanda est donc un simple, mais grave, mensonge, qui montre une grande lâcheté intellectuelle. Si les autorités françaises refusent de reconnaître la complicité de génocide au Rwanda de leurs prédécesseurs en 1994, c'est qu'elles continuent à ne pas vouloir voir au-delà d'elles-mêmes. Il est probable que si elles reconnaissaient ces faits Hollande et Valls craindraient bêtement de perdre tout crédit en Afrique, alors qu'ils essaient de regagner une légitimité en Centrafrique aux côtés des soldats Rwandais. Ils auraient au contraire tout à gagner à reconnaître ce que tout le monde comprend avec un minimum de bonne foi et de bon sens.
Avec si peu de lucidité sur une question morale aussi grave et saillante, les autorités françaises ne peuvent que nous conduire droit dans le mur. Aucun député lucide n'a pu donc voter la confiance à un tel premier ministre et au-delà à son gouvernement solidaire.
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