France au Rwanda, à propos de "vérité simple"

Selon Jeune Afrique, "l’armée française s’est félicitée de son action lors de l’opération Turquoise au cours d’un colloque inédit", le vendredi 14 juin 2019 dans une ambiance très solennelle présidé par Madame la Ministre de la Défense.

Comme militaire français, le général Lecointre sait de quoi il parle en matière de vérité simple et de faiseur d'opinion, à moins que l'armée ait renoncé à ses compétences en matière de guerre psychologique... Mais, vu l'amoncellement d'aveuglements, au mieux, qu'on constate de la part de l'armée française au Rwanda, on peut vraiment se demander si nos responsables politiques et militaires avaient de véritables compétences stratégiques pour s'être ainsi laissés berner par les génocidaires dès 1990.

Car pour les stratèges français, clairement, de nombreux documents le montrent, la vérité simple était que les méchants étaient les Tutsi et les gentils les Hutu. Par exemple celui-ci qui, comble de l'aveuglement, relate des paroles prononcées deux ans après le génocide des Tutsi par un officier français :

  • Le Populaire du Centre du 30 novembre 1996. Je ne fais pas de citation, l'article est court, il faut le lire pour le croire. Non seulement les "gentils" sont les génocidaires et les "méchants" les victimes du génocide, mais en plus ce "décryptage du conflit rwandais" passe sous silence le génocide des Tutsi.

Absurde "vérité simple" transmise dans les casernes et les bistrots dézingués PS, RPR et FN ! A cause du génocide ils furent pourtant contraints d'amorcer un semblant de changement d'opinion pendant l'opération turquoise en essayant, face à la communauté internationale qui les avait à l'oeil, d'avoir l'air neutre entre les génocidaires et les victimes du génocide. Neutres face à des génocidaires ! Mais visiblement cet article du Populaire du Centre témoigne que certains restaient bornés à soutenir les génocidaires et à diaboliser les victimes du génocide.

Bêtise d'officier subalterne ? C’était en fait le reflet de la pensée des stratèges, comme le montre par exemple ce compte-rendu d'un conseil restreint de défense présidé par François Mitterrand :

Si seulement les stratèges français avaient bien voulu sortir des vérités simples ... Certains militaires l'ont compris et l'ont exprimé, mais ils sont aussi rares que courageux. Le général Varret, le sous-officier du GIGN Thierry Prungnaud, le lieutenant-colonel Guillaume Ancel furent-ils conviés à prendre la parole à ce colloque ?


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