Difficile d'avoir été militaire au Rwanda

Guillaume Ancel souhaite que l'armée soit écartée de toute responsabilité dans l'affaire du Rwanda. Il est trop gentil avec ses "compagnons d'armes". Je lui pardonne cette solidarité. Mais c'est oublier ces officiers  très politiques qui entouraient François Mitterrand ou accomplissaient sa politique sur le terrain. Ou alors les officiers ne font pas partie de l'armée !

Guillaume Ancel n'est pas le seul militaire "travaillé" par le Rwanda des années 1990.

Le sous-officier que j'ai écouté dans un parc Strasbourgeois, au bord  des larmes pendant une heure, qui avait trente soldats sous ses ordres au Rwanda, est sans doute pour rien dans cette politique "politico-militaire". Son oncle, très anti-françafricain et que je connais bien, m'a expliqué que dès qu'il parle du Rwanda il pleure.

Mais quand même, cette armée a une encombrante capacité à relayer sans broncher des ordres criminels. Elle doit bien quelque part en partager le sens. Cela est insupportable et cela doit être mis sur la table. "L'honneur d'un militaire c'est de savoir désobéir", disait goguenard un de ces officiers de Mitterrand à l'Assemblée nationale ... pour railler le patron opérationnel de la mission des nations unies qui était très désabusé par le comportement de la France au Rwanda. Une mesquinerie de plus entre militaires, une hypocrisie surtout.

Un vieil ami bourguignon, dont le cousin germain aquitain est un officier plusieurs fois cité au premier plan sur le terrain dans le rapport Quilès, m'a expliqué qu'il remercie Quilès en famille d'avoir sauvé l'armée de la Justice... Cette inquiétude  revient donc aujourd'hui selon Guillaume Ancel. Ce n'est pas surprenant car il y a du grain à moudre.

Quant aux politiques impliqués dans l'affaire du Rwanda, ce sont de sacrés salopards qui s'approprient la France et ses citoyens et nous plongent anonymement dans des gouffres de criminalité en Afrique, avec une désinvolture révoltante et surtout l'art de transformer des crimes en des croisades de bonnes intentions. Ou alors ce sont de grands naïfs. Le résultat est particulièrement ignoble. S'ils ne sont pas naïfs, cela s'appelle en Italie une mafia. L’Italie a tout fait pour dompter sa mafia. Nous, nous nous laissons bercer.

Un certain Quilès, encore lui, disait en d'autres temps (approximativement de mémoire) "il ne suffit de dire que des têtes doivent tomber, il faut dire lesquelles". On l'avait alors traité de Robespierre. Malheureusement, pour nous citoyens, j'en ai fait l'expérience, ça coûte 19 000 euros pour une tête dite (frais d'avocats, frais d'huissiers, frais de voyage répétés à 800 km, et in fine condamnation civile et pénale). Je n'avais plus d'argent pour aller devant la cour de cassation et surtout une confiance sérieusement ébranlée dans la Justice. Pourtant ce que j'avais dit reste vrai. Les citoyens sont bâillonnés, quand ils essayent de palier aux procureurs qui ne font pas leur boulot.

Notre démocratie est enlisée parce que trop de nos responsables sont trop lâches à tous les niveaux. Elle ne vaut rien devant des politiques criminelles et l'armée ne fait rien pour que la démocratie soit vraie. Les récents propos du général Lecointre ne me démentiront pas. Elle se tait pour couvrir ce qu'elle a à cacher, les ordres qu'elle a reçus, et ceux qu'elle a accomplis trop souvent contre toute conscience saine.

Ma belle famille en est morte comme celles de plusieurs de mes amis français. Elles furent massacrées par une politique génocidaire à laquelle des responsables français, politiques et militaires, ont apporté des facilités pour renforcer son assise militaire et diplomatique. On appelle cela de la complicité quand il s'agit de juger des terroristes. Un génocide est un terrorisme extrême. Mais on m'injurie d'être le mari de ma femme dans certains articles en essayant de faire croire que c'est parce que je serais "payé par Kagame" et non pas parce que je réclame justice pour les Rwandais qui avaient une carte d'identité Tutsi auxquels je suis attaché par mon mariage. Quelle bande de crétins ! Même le juge qui m'a jugé en appel m'a fait remarquer que c'est la famille de ma femme et non la mienne ... probablement dans son esprit ce ne devait pas être si grave pour moi pour que je m'indigne autant de ce qui s'est passé. Respirez.

Certes Guillaume Ancel, Thierry Prungnaud, le général Varret,  et sans doute quelques autres, que je ne connais pas, sont des militaires courageux qui ont pris conscience qu'il fallait dire leur vérité devant notre société. C'est l'infime espoir qui nous reste d'être heureux d'être français devant les Rwandais, et surtout devant notre propre conscience. Espérons que  la commission Duclert leur rendra justice, car ce qu'ils ont dit fut très courageux.


Lire l'article de l'ancien officier de Turquoise, Guillaume Ancel, auquel je répond :

 

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