Un résistant rwandais honoré à Paris

Le Conseil de Paris a attribué à l'unanimité le nom d'une place à un résistant rwandais au génocide des Tutsi qui a joué un grand rôle sur les collines de Bisesero au Rwanda.

Une place rwandaise à Paris, qui plus est une place en l'honneur de la lutte de Bisesero, au nom du vieux Rwandais qui organisa une résistance à mains nues, sans armes à feu, intelligente et courageuse, contre les génocidaires de l'armée rwandaise et des milices interahamwe, préfet de Kibuye en tête1.

Ce vieux Rwandais, stratège des Tutsi traqués, c'est Aminadabu BIRARA. Les Parisiens auront donc une place Aminadabu BIRARA dans le 18 ème arrondissement de Paris.

Nul doute que certains propagandistes francophones, négationnistes de l'implication française dans le génocide des Tutsi, auraient voté contre cette décision unanime du Conseil de Paris.

Bisesero est un lieu particulièrement  symbolique de l'implication française dans le génocide des Tutsi, comme le témoin et journaliste Patrick de Saint-Exupéry l'a détaillé dans ses articles publiés dans le Figaro dès le 29 juin 1994, puis dans Inavouable, la France au Rwanda réédité sous le titre Complices de l'inavouable2. Jacques Morel, dans son livre La France au cœur du génocide des Tutsi, se réfère beaucoup à Patrick de Saint-Exupéry, de même qu'à African Right, l'ONG qui a le plus approfondi ces événements de Bisesero après le génocide. pour comprendre l'histoire de Bisesero3.

Comme Clément Kayishema, préfet de Kibuye (ouest du Rwanda, 15 km de Bisesero), tous les préfets, restés en poste au Rwanda pendant le génocide, avaient l'investiture tacite du gouvernement intérimaire, à cause de leur implication dans le génocide. Le premier ministre et les deux tiers des ministres de ce gouvernement furent condamnés par le tribunal pénal international pour le Rwanda.

Le cas exemplaire du Préfet de Butare (sud du Rwanda) le confirme.  Il fut destitué par le gouvernement intérimaire, quinze jours après le début du génocide, dont le Président appela aussitôt, à Butare, à "finir le travail" dans cette seule préfecture où le génocide tardait à démarrer, car ce préfet était le seul préfet Tutsi, . Il fut assassiné quelques jours plus tard.

On se demande pourquoi tous le préfets  ne furent pas poursuivis en bloc, et certains furent acquittés par le TPIR. Notamment un de ceux qui ont collaboré avec l'opération Turquoise. On a poursuivi les plus voyants, sans se référer à la structure étatique du système génocidaire rwandais. Cela montre que la France avait une grande influence sur les juges du TPIR, dont on ne doit pas oublier qu'ils dépendaient du Conseil de sécurité de l'ONU où la France a un droit de veto. Les décisions du TPIR doivent être lues avec ce prisme, non pas déformant, mais rectificateur.

Pour d'autres raisons on soupçonne que les USA, et probablement dans leur sillage Israël, eurent aussi une influence désastreuse sur certaines décisions du tribunal qui risquaient de créer une jurisprudence internationale gênante pour ces deux pays, dans le contexte des conflits du proche-Orient. La minoration en appel à La Haye de la peine de Bagosora,  "le cerveau du génocide", est à comprendre en ce sens. D'autres décisions laxistes lui firent écho.

On doit saluer cette décision du Conseil de Paris qui montre clairement que le rapport de la Commission Duclert, malgré ses trous noirs, a fait évoluer les esprits.

[1]  Communiqué d'Ibuka France - 19 novembre 2021

[2]  de SAINT-EXUPERY Patrick, L'inavouable. la France au Rwanda, Les arènes, 2004, 287 p.
       de SAINT-EXUPERY Patrick, Complices de l'Inavouable, la France au Rwanda, Les arènes, 2009, 315 p.

[3]  MOREL Jacques, La France au coeur du génocide des Tutsi, Izuba édition - L'Esprit frappeur, 2010, 1500 pages,
téléchargeable dans une version actualisée en descendant dans la page de présentation de la publication de 13000 des documents,  auxquels il fait référence : site internet

 

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