France-Rwanda : Dissimulations de preuves

La destruction d'archives, cela s'appelle dissimulation de preuve dans un tribunal.

A propos de la demande répétée d'ouvrir les archives françaises sur le Rwanda, le chef d’État-major de l'époque du génocide l'avait annoncé : "vous ne trouverez rien !". On a quand même trouvé ce qui devrait  renverser pacifiquement la Vème République ...

La publication du rapport Duclert révèle une évidence : les archives furent nettoyées. Ce qui ne l'a pas été, et nous choque déjà beaucoup, montre à l'évidence le degré de compromission de ce qui fut détruit. Nous connaissons des éléments des archives visiblement non consultées par la commission. La promesse du chef d’État-major prend donc un sens particulier. 

A la limite on n'a même plus besoin des "preuves" quand elles sont dissimulées et qu'on sait qui les dissimule. Ce qui n'est pas élucidé est susceptible d'être résolu par ceux qui ont dissimulé les preuves.

Par exemple, l'affaire de l'attentat du 6 avril 1994, qualifié de "déclencheur du génocide" par les alluvions des autorités françaises de l'époque dans leurs accusations contre Kagame.

Un officier français était sur les lieux du crash de l'avion d'Habyarimana dans le quart d'heure qui a suivi, selon la mission d'information parlementaire sur le Rwanda. Il faut retenir ici que le général Dallaire, patron opérationnel de la mission des nations unies au Rwanda, fut interdit d'accès au lieu du crash par un barrage militaire. 

Notre officier a d'ailleurs témoigné avoir entendu "deux départs de coups très rapprochés" (c'est dans l'ordonnance Bruguière page 51). Il était donc proche des tireurs. Il habitait vers l'angle sud-est du camp Kanombe, principal camp militaire de Kigali, et le juge Bruguière dit dans son ordonnance à "500 mètres de la résidence privée du président Habyarimana" (la distance est vraisemblablement minimisée, d'après Google Earth elle doit être plus proche de 800 mètres à vol d'oiseau, mais Bruguière ne s'est pas rendu sur place). Cette résidence présidentielle était située à la pointe nord-est de ce camp, quasiment dans l'axe de la piste de l'aéroport de Kigali. Selon le rapport balistique ordonné par les juges Trévidic et Poux, les missiles furent tirés depuis le côté oriental du camp.

Ce même officier a ensuite récupéré les corps des pilotes français, et il a cherché, les deux ou trois jours suivants, "la boîte noire" selon les dires de la famille Habyarimana, (l'avion est tombé dans leur propriété et dans le champ voisin). En visitant la résidence d'Habyarimana, transformée aujourd'hui en exposition de peintures, j'y ai encore vu de gros débris de l'avion en août 2019 (réacteurs, ailes, et autres éléments que je n'ai pas identifiés). D'autres témoins ont aussi confirmé cette recherche de "la boîte noire". Il l'a vraisemblablement trouvée car tous les débris étaient sur une petite zone, sauf si au cours de l'explosion, elle aurait disparu. Mais c'est au niveau de l'aile gauche que l'explosion a eu lieu et il est peu probable qu'une "boîte noire" soit logée à un endroit si vulnérable en cas d'accident, mais tout doit être vérifié.

Dans un procès au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), cet officier devait être entendu comme témoin, à la demande de la défense d'un accusé rwandais de génocide. "Par hasard" le juge Bruguière a sorti la veille ou l'avant-veille de l'audition  son ordonnance accusant Kagame d'avoir descendu l'avion d'Habyarimana. Le témoignage fut reporté sur la base de l'effervescence ainsi créée. Quand cet officier fut enfin entendu quelques semaines plus tard, début décembre 2006, le journal Le Monde nous expliqua que le témoignage était donné en visioconférence depuis La Haye, il était prévu en présentiel au TPIR à Arusha au départ, et l'officier français en question était entouré d'autres officiers qui pouvaient à tout instant intervenir dans le témoignage de leur collègue !!! Subornation lourde de témoin, avec l'accord du président du TPIR de toute évidence. Les magistrats du TPIR sont des employés du Conseil de sécurité de l'ONU et la France a un droit de veto dans ce Conseil de sécurité.

Imaginez que mes rapprochements de faits parfaitement vérifiables individuellement, qui seront certainement qualifiés de théorie complotiste par certains, aient en fait un sens. On aurait instrumentalisé une affaire judiciaire grave pour tromper la justice internationale. Excusez du peu dans cette affaire d’État. On peut souligner ici que le Conseiller de François Mitterrand, François de Grossouvre, fut retrouvé mort par balle dans son bureau à l’Élysée le lendemain de l'attentat. Tous les proches de Mitterrand disent que ce serait un suicide. Ils se sont bien gardés de demander une enquête criminelle et ses archives ont disparu en même temps. Apparemment Mitterrand ne souhaitait pas savoir comment et pourquoi son vieil ami était mort. Cet homme gardait tous les secrets de Mitterrand dont l'existence de sa fille cachée. Et si sa mort, comme certains le supposent, avait aussi un lien avec cet attentat ? Le gendre de François de Grossouvre, Philippe Brelot, fut aussi retrouvé mort par balle trois ans plus tard. Peut-être fut-il trop curieux ? On a aussi dit que c'était un suicide pour une motivation privée. La famille n'a pas porté plainte semble-t-il. Dissuadée ?

Revenons à la "boîte noire". Ces deux petits appareils qui la constituent et éventuellement des débris de missiles et autres pièces à conviction, ont de toute évidence été rapportés à Paris. Jamais Le juge Bruguière n'a parlé de ces éléments. Rien. Le juge Trévidic non plus. Il y a donc dissimulation de preuves matérielles devant la justice. Dans un crime celui qui dissimule est généralement l'auteur du crime. Apparemment ici, dans cet attentat, on a dissimulé des pièces à conviction, et peut-être la mort d'un homme. Mais je devrais dire la mort quatre de personnes, je n'ai pas encore parlé des trois autres.

En effet, deux gendarmes français, Didot et Maïer et l'épouse de Didot, furent trouvés assassinés à Kigali dans les heures qui suivirent l'attentat. Ils pratiquaient des "écoutes amateur" selon les autorités françaises, dans une zone proche de l'aéroport où l'avion devait atterrir. Les familles disent avoir subi des pressions pour ne pas porter plainte. D'autres faits, notamment ceux liés à un faux certificat de "genre de mort" de l'un de ces gendarmes, signé par un médecin militaire qui a contesté sa signature et le style de rédaction de l'acte, sont surprenants, mais je suis déjà long.

Les familles des pilotes français de l'avion disent aussi qu'on a tenté de les dissuader de porter plainte. Mais finalement elles ont porté plainte. Ces plaintes ont débouché sur la fameuse ordonnance Bruguière.

Sept Français sont morts dans l'attentat et dans les heures qui suivirent. Les autorités françaises ont tout fait pour qu'il n'y ait pas d'enquête. A chaque fois l'épicentre de "l'anormal" est l'Etat français dans cette affaire. Cela aggrave le tableau de la dissimulation de preuve par destruction d'archives par les autorités françaises. Ça fait beaucoup. Mais il ne faut pas être complotiste ! Réfugions-nous dans l'espérance d'un concours de circonstances.

Donc merci aux officiers français qui ont résisté, le général Varret, le colonel-qui-devrait-être-général Galinié, le sous-officier Thierry Prungnaud. Il semble qu'un autre officier, le lieutenant-colonel Jean-Remy Duval, qui avait alerté avec insistance sur les rescapés Tutsi en danger à Bisesero,  n'aurait pas eu de promotion après le Rwanda. Merci aussi à celui qui a compris plus tard ce qu'on lui a fait faire et le reconnaît publiquement et courageusement, le lieutenant-colonel Guillaume Ancel. Je sais qu'il y en a d'autres qui sont rongés par le Rwanda et pourraient parler. Merci, car visiblement, ils se sont heurtés à une omerta particulièrement violente. Qui dit omerta dit mafia. Ils sont plus gentils que moi avec leurs frères d'armes, ils parlent de "lobby militaire".

Ces comportements honorables ne doivent pas masquer ce que d'autres officiers ont fait, même sur ordre. Cela doit être condamné. Bien évidemment les donneurs d'ordres du noyau Élyséen et de l’État-major doivent être mis sans tarder en examen. Trop c'est trop, ne serait-ce que sur la base des rapports officiels français. Il s'agit de la mise en œuvre de l'article 40 de notre code de procédure pénale. La Justice doit poursuivre cette enquête.

Un génocide est un terrorisme extrême. Il me semble que dans notre pays on ne transige pas habituellement avec les terroristes, ni avec leurs complices. Il n'y a pas de bons complices de terroristes et de mauvais complices des terroristes. Tous les suspects doivent être jugés. Tous les procureurs français ont l'information. Lequel sera le plus indépendant pour prendre ses responsabilités ? Logiquement c'est au procureur général de Paris de prendre cette initiative, d'une justice libre et indépendante. Je ne peux m'empêcher de rire aussi jaune que la mémoire jaune !

Détrompez-nous, prouvez-nous que nous ne vivons pas dans une république mascarade !

 

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