La démocratie des apoticaires

Selon le site de l'assemblée nationale qui liste les groupes sans tenir compte de leurs alliances, mais que j'ai regroupés ainsi, les comptes suivants apparaissent ;

Il apparait donc que le NFP arriverait en tête (193), suivi des Macronistes (163). Mais si on additionne les Wauquiezistes (ne pas confondre avec les "Wokistes" ni avec les trapézistes !!!) et les Libertés aux Macronistes, ce sont eux qui arrivent en tête (233). Enfin les Lepenistes arrivent en troisième (140). Ils ont beau arguer de leurs "11 millions d'électeurs", il n'en demeure pas moins que 22 millions d'électeurs ont de fait voté contre eux.

La gauche tonitrue sur l'alliance arrivée en tête le soir des élections, mais l'alliance majoritaire qui s'est constituée de fait pour faire élire Yael Braun-Pivet  au perchoir,  n'est pas moins légitime. D'une certaine manière c'est la seule qui a su créer une coalition, après les élections, ce que les purs de la République considèrent comme ayant été fait sur le dos des électeurs car ils n'en n'auraient pas été avertis au moment de mettre le bulletin dans les urnes. 

C'est un équilibre de forces négatives. Les Lepénistes et Macroneux excluent la LFI. Les NFP excluent les Macroneux qui ensemble (!) excluent les Lepénistes. 

L'oscillation des Wauquiezistes, tentés d'exclure tout le monde au nom d'un héritage Gaulliste de plus en plus édulcoré, est donc la véritable source d'instabilité utilisée par Emmanuel Macron, pour garder un semblant de majorité relative à opposer au NFP. 

De ces chiffres il apparait aussi le paradoxe, révélé dans les faits par le renversement du gouvernement Barnier, que les maitres de l'effondrement sont l'alliance improbable du NFP et des Lepénistes. Ils sont d'accords sur plusieurs solutions économiques, mais pas du tout sur leurs visions de la société. Leurs attitudes face aux évolutions des rapports humains et surtout vis-à-vis des étrangers, qui arrivent sur notre sol pour la plupart en situation "irrégulière" les divisent fondamentalement. C'est une réalité qu'on ne peut pas effacer à coups de slogans, un étranger qui fuit son pays ne peut pas prendre le temps de régulariser son arrivée, surtout si le pays de destination ne prévoit pas son accueil. Quand vous débarquez chez le voisin pour échapper à une menace, nécessité fait loi et la plupart du temps les immigrés ne choisissent leur pays de destination que par défaut au hasard de leurs voyages incertains et des fantasmes qu'ils nourrissent sur les différents pays.

Il faut savoir ce que l'on veut. Si on veut une démocratie "à la proportionnelle" qui soit capable de construire des compromis, on doit accepter des accords entre représentants du peuple après leur élection.

Fort de la dynamique de la reconstruction de la cathédrale de Paris, Emmanuel Macron, travesti en Aaron,  voudrait inspirer le monde politique. Mais cette cathédrale n'est-elle pas plutôt, paradoxalement, le veau d'or qui aurait suscité la colère de Moïse ? Sous cet angle, ça se corse ! Les déconfitures du Président  risquent d'être la victoire des "Philistins" qui n'ont de toute façon rien à faire du veau d'or comme des tables de la Loi et n'espèrent qu'une seule chose : trouver une poule aux œufs d'or pour couvrir le déficit. Elle existe : c'est le CAC 40. 

Mais là je laisse la paroles aux "économistes" car je n'ai pas l'impression que le ruissellement ruisselle dans le bon sens et j'ai des doutes profonds sur la qualité de notre moteur économique qu'il faudrait préserver selon la doxa présidentielle, alors que j'ai la nette impression qu'il tourne comme un moulin à vent pour rafraichir ses détenteurs et pousser les mensonges plus ou moins phobiques dont ils abreuvent les Français.