Rwanda : A propos du communiqué du 7 avril de France Diplomatie

 Le Président de la République française a visiblement choisit la stratégie des petits pas pour rétablir la confiance entre la France et le Rwanda, mais surtout pour la faire avaler à notre classe politique et aux officiers qu'elle a nommés à l'époque du génocide des Tutsi.

Rwanda - Commémoration du génocide (7 avril 2018)

France diplomatie - 7 avril 2018

"[...]La France, sur son territoire comme à l’étranger, s’associe à la population rwandaise pour honorer le souvenir des victimes et saluer la dignité des survivants et la capacité de réconciliation du peuple rwandais.
En cette journée solennelle et en cette année 2018, qui marquera prochainement les 70 ans de l’adoption de la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide, la France réaffirme son engagement en faveur de la prévention des génocides, qui est un élément central de de notre action extérieure. Le travail de mémoire et la lutte contre l’impunité sont deux éléments indispensables pour qu’un tel drame ne se reproduise."

Un rappel heureux, mais bien tardif en ce qui concerne la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, ratifiée par la France le 14 octobre 1950 et qu'elle aurait dû mettre en œuvre dans ses relations avec le Rwanda à partir de 1964 déjà, mais surtout à partir de 1990. On pourrait en effet penser que l'accord de coopération pour la formation de la gendarmerie rwandaise de 1975 allait dans le sens de cette convention à l'époque. Mais cette formation fut reconnue comme un échec par l'ambassadeur de France et le chef de la mission militaire de coopération et d'autres personnalités dans leurs auditions devant les députés français en 1998. La gendarmerie rwandaise opéra des arrestations massives de Tutsi (10 000 en octobre 1990) et participa à des massacres de masse à partir de janvier 1991 (Tutsi Bagogwe, Tutsi du Bugesera en 1992, et bien d'autres massacres à plus petite échelle). Plus grave les coopérants militaires français furent envoyés au casse-pipe dans une politique de complicité claire avec les génocidaires, impossible à ignorer dès la fin de 1990, compte tenu de nombreux documents et de ces auditions parlementaires.

Le Président de la République française a visiblement choisit la stratégie des petits pas pour rétablir la confiance entre la France et le Rwanda, mais surtout pour la faire avaler à notre classe politique et aux officiers qu'elle a nommés à l'époque du génocide des Tutsi.

Le problème est très "simple", si j'ose dire, pour Emmanuel Macron : reconnaître la complicité de la France sans que des procédures juridiques soient engagées contre les responsables politiques et militaires de l'époque pour complicité de génocide ! Autant dire que c'est une problématique incohérente par essence si notre justice se veut indépendante et si elle sait lire cette convention.

Le "débat" diffusé hier sur France info entre le lieutenant-colonel Ancel traité de menteur par le colonel Hogard, alors qu'ils étaient sur le même lieu en même temps au Rwanda, montre à l'évidence que la plupart de ces officiers ne sont pas prêts à se laisser accuser, ni à mettre en cause les généraux qui leurs donnaient des ordres. Les planqués de l’Élysée et de l’État-major de 1990-1995, qui distillent lâchement, au compte goutte savamment dosé, leurs versions mensongères, et la font avaler à leurs subordonnés depuis plus de 25 ans, croient ainsi pouvoir tenir à distance ces mises en cause. A propos d'autres pays on parlerait de mafia, mais en France on parle de raison d’État.

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