Le tigre de TikTok

Bien avant de connaitre le statut de l'objection de conscience j'étais décidé, par mes convictions personnelles, à ne pas porter d'armes. Je ne savais pas comment faire et je reculais le moment de prendre une décision par le système du sursis. Mon grand-Père qui avait fait Verdun avec conviction était outré par mes orientations et me l'a écrit dans une lettre que je conserve.

J'ai découvert ensuite les "groupes non-violents" et à travers eux la possibilité concrète de l'objection de conscience. J'ai été soulagé de découvrir ce statut. J'ai aussi commencé à m'intéresser au combat de Gandhi qui en annonçait d'autres, aux USA, en Afrique du Sud... et d'autres moins connus et tout aussi importants.

J'envisageais aussi de faire mon service national dans la coopération en Afrique. Mais j'ai rencontré à Rennes une association, le CRIDEV, dont les animateurs m'expliquèrent et me convainquirent que si j'optais pour cette solution, je ferai le contraire de ce que je croyais faire.

Finalement j'ai effectué mon service national comme objecteur de conscience. J'ai porté des repas aux personnes âgées de Marcq-en-Barœul, organisé des groupes de gymnastique du troisième âge, délivré des cartes de transport pour personnes âgées ... après avoir été envoyé par erreur au bureau d'aide social de Nîmes.

Ensuite l'association Survie a traversé la France à pied jusqu'à Paris partie avec des Maires de communes de Haute-Savoie. C'était "la marche des maires" pour tenter de modifier la coopération française en Afrique. Elle est passée par le village où j'étais conseiller municipal. C'est ainsi que j'ai milité 25 ans à Survie.

A travers Survie j'ai découvert la problématique de l'implication française dans le génocide des Tutsi. Sur ce chemin j'ai rencontré mon épouse rwandaise. Mais sur ce chemin, j'ai aussi constaté l'absence des groupes "non-violents", alors que cette implication française était très concrètement un sujet dont les groupes non-violents auraient dû s'emparer. J'ai aussi redécouvert la ville de Nîmes ayant été convoqué en son tribunal par un officier de gendarmerie ayant officié au Rwanda et dont il était le seul enquêteur de personnalité du tribunal. J'ai ainsi observé à mes dépends ce qu'était un conflit d'intérêts dans une institution de la République. Par contre j'ai rencontré un militaire, Guillaume, dans ce combat sur le Rwanda. Merci Guillaume !

Aujourd'hui, face à la guerre en Ukraine, je constate une situation où je n'ai pas de réponses. Les Ukrainiens se font massacrer par une force industrielle incarnée dans une paranoïa métallique rouillée et inflexible. Emmanuel Macron a tenté une ascension par la face nord "non-violente" sans succès apparent et n'exclut plus aujourd'hui une participation militaire au soutien de l'Ukraine.

Ayant atteint le vénérable âge de presque trois quarts de siècle, je ne risque pas d'être mobilisé, je ne risque rien. Mon dernier fils qui a 21 ans, peut-être.

Je découvre autour de moi et à la télévision des gens qui ont physiquement peur des menaces nucléaires du tigre toqué de TikTok et je suis sidéré de les entendre dire qu’il faut négocier à tout prix, évidemment sur le dos de l’Ukraine. Bien sûr qu’il faudrait négocier, mais ils ne comprennent pas que le cancre du Kremlin ne négociera pas tant qu’il pensera pouvoir poursuivre ses objectifs, assis près du radiateur au fond de sa crasse. Il rêve même d’offrir un bouquet de fleurs à sa maîtresse d’école pour se faire pardonner par toute l’Humanité.

Le comédien d'Ukraine est devenu un président à la Churchill, et le président de la fédération de Russie s'est figé en mauvais clown. Depuis son opération martienne des petits hommes verts, puis son roulement spécial des mécaniques de chenilles processionnaires du 24 février 2022, le jour où mon Papa eu 99 ans, merci pour ce cadeau, le cancre du Kremlin, écartant ses chaussures rouges et clignant ses yeux bleus innocents, agite la menace nucléaire avec son gang d'agités médiatiques. Les oiseaux ne s'approchent pas, mais heureusement les paysans ukrainiens savent ce qu'est un épouvantail ...

Il me revient mes lectures de Gandhi et sur Gandhi. Il considérait la non-violence comme infiniment supérieure à la violence, mais préférait la violence à la lâcheté. La mort dans l'âme je constate l'actualité de sa réflexion. Je manque cruellement d'imagination et/ou de courage pour choisir la meilleure solution.

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