7 juillet 2024, la chambre introuvée

Les électeurs ont combattu les prévisions des sondeurs autant que les résultats du premier tour. La surprise des résultats n'a d'égale qu'une paralysie politique qui n'autorise que la réflexion au regard de nos pratiques habituelles. Les résultats sont tels qu'aucune solution de gouvernement ne semble en mesure d'être dégagée à l'aune de nos pratiques historiques. 

La constitution de la cinquième république, construite pour neutraliser le jeu des partis politiques et dégager des majorités fortes, échoue. Grosso modo, on a la même composition de l'Assemblée nationale qu'avec une élection à la proportionnelle. Comme pour le souligner, le parti "gaulliste" est devenu une des plus petites forces politiques de cette assemblée.

Personne ne pourra faire autrement que réfléchir à la construction d'une nouvelle façon des trouver des solutions politiques. Ce ne sont pas les classifications d’apothicaires du ministère de l'intérieur, d'un divisionnisme partisan autant qu'absurde, qui aideront à améliorer les choses.

Cette situation est pourtant créée par un réflexe traditionnel "le front républicain". L'un des leaders du groupe de gauche a exprimé jusqu'à la caricature, dans son discours précipité d'hier soir, la vielle structuration politique qu'on est obligé d'abandonner : rester "droit dans ses bottes" et fier de sa posture, espérant dans cette précipitation provoquer un réflexe des oies de Lorenz. C'est clairement prendre les Français pour des imbéciles manipulables par des impressions. Inversement, dans le même groupe, le leader socialiste des européennes a insisté avec force sur la nécessité d'avoir une attitude "adulte", de dialoguer, de construire et finalement de réfléchir autrement. D'une certaine manière on se réfère en pointillé à la théorie de l'analyse transactionnelle, les uns jouant le registre "parent-enfant" et les autres le registre "adulte". Le problème est qu'en politique le rapport de force interfère dans tout cela.

Ce ne sont plus des options politiques qui sont à l'ordre du jour, mais des attitudes. Chacun doit se dégager de son identification à des solutions prédéterminées dans un programme avant résultat. Les Français ont rebattu les cartes. Tous les accords électoraux deviennent obsolètes, si nous voulons construire quelque chose d'autre au sein du parlement. Le parlement est devenu le centre de l'élaboration politique, dont le Président de la République en est le catalyseur, c'est à dire celui qui intervient sans être modifié, notamment en nommant le premier ministre chargé de constituer le gouvernement. Acceptera-t-il ce rôle ou démissionnera-t-il à un moment ou un autre quand il en aura marre, surprenant tout le monde au moment le plus inopportun ?

Par exemple, le RN et le Front populaire veulent l'abandon de la réforme des retraites. Tous deux veulent des mesures fortes pour améliorer le pouvoir d'achat, avec des solutions diverses. Ce sont des majorités de projets. Les Socialistes, Europe écologie, Ensemble et une partie de LR veulent un soutien fort à l'Ukraine et une poursuite de la construction européenne. C'est une majorité de projet. Le front de gauche veut renforcer les services publics, ainsi qu'implicitement le RN. La reconnaissance d'un État palestinien implique d'autres courants transversaux indépendants du lobbyisme du gouvernement de Netanyahou et de son instrumentalisation de l'antisémitisme contre la LFI qui fut, de toute évidence par son ampleur, l'intrusion la plus importante d'un gouvernement étranger dans cette élection, avant celle de la Russie. La lutte contre toutes les formes de racismes (antisémitisme, islamophobie, machisme, négationnismes des génocides, etc.) sera l'objet d'autres majorités de projets.

La recherche des financements des mesures sera un autre casse-tête qui mobilisera tous les partis politiques, avec à tout moment un risque de clash si les considérations écologiques servent de variables d'ajustement.

Un autre défi attend les Français au niveau international.  Ce que nous reprochons aux plus riches d'entre nous, nous l’infligeons collectivement - partis politiques, syndicats ouvriers et patronaux, associations corporatistes diverses et variées, lobbies nationaux, etc. - aux pays les plus pauvres. Sommes nous prêts à répondre aux exigences de justices internationales que cela implique ?

La classe politique réussira-t-elle cette mue au lieu de se complaire dans une éthique de guerre des boutons et de rejet des traitres à la bande ? les Français les plus vulnérables et ceux qui veulent devenir français attendent un mieux être.

Soyons français jusqu'au bout, c'est à dire au moins jusqu'à la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, mais en rejetant clairement, dans nos gènes culturels, la violence "révolutionnaire" abjecte qui lui succéda.

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